édito

Un architecte isolé est un architecte en danger.

Sophie BERTRAND, rédactrice en cheffe.

Voici le point de départ de mon engagement à l’Ordre des architectes.

Il m’a permis de devenir conseillère à l’Ordre des Architectes du Limousin. Il m’a permis de faire équipe avec les conseillers pour une structuration territoriale de l’Ordre de Nouvelle Aquitaine. Il était un moyen d’être en lien avec d’autres professionnels. Il est devenu un moment privilégié pour porter un autre regard sur notre profession et la façon dont elle se place dans notre société : débattre, se nourrir des réflexions des autres, infléchir ma pratique d’architecte.

Je remercie les conseillers de m’avoirconfié le journal 308+, outil de communication en direction des architectes de la région, nos partenaires, les conseillers des autres régions et selon le thème un public plus large. Il fait partie de la dynamique du 308+. Il est unique, le comité de rédaction comprend le Conseil de l’Ordre, les centres de formation et les quatre Maisons de l’Architecture de Nouvelle-Aquitaine. Il tend ainsi à la représentativité des actions sur les 12 départements et permet la diversité des rédacteurs. Je remercie chacun des membres de ce comité, Didier Lechenne, graphiste au long cours, qui a accompagné les deux précédents rédac’chefs’ et Sophie Molines, pour ce travail en équipe et son regard stratégique de communicante, les rédacteurs et illustrateurs.

Le journal a relayé les temps forts de ce mandat : permis d’aménager, conséquences de la loi Elan, les 10 ans du 308, la transition écologique, l’enquête sur les attentes des architectes envers l’Ordre, la communication... Comme reflet de notre organisation régionale, j’ai tenté de distiller un thème de prédilection : les rapports de force et d’équilibre entre ville et campagne, les capacités d’innovation de celle-ci.(1)

Dans le changement en cours, les professions réglementées sont mises à mal, la nôtre aussi. Soyons ensemble, non pas par réflexe pour ne pas disparaître, mais parce que nous avons des savoir-faire et une créativité dont le monde d’aujourd’hui a besoin. Il reste tant à faire (ou surtout à ne pas faire) ! Des exemples restent à mettre en valeur : architecture « zéro plastique », féminisation de la filière bâtiment, architectes et acteurs économiques ; et des thèmes plus transversaux à explorer : la ressource de l’eau, la montée des températures et les conséquences sur nos façons d’habiter... et toujours plus de culture face à l’obscurantisme.

Ce dernier envoi 2020 comprend à la fois le bilan du mandat écoulé 2017-2020 et la suite de la thématique « architecte mais pas seulement », déclinée au printemps versus « architecte et... engagé ». Ce numéro d’hiver donne la parole
à des professionnels formés à l’architecture, inscrits ou non, pratiquant une autre activité, apparemment... décalée. Or ces pratiques se complètent et nous ouvrent des horizons emplis d’espoir contre la morbidité ambiante.

Alors COURAGE, au sens littéral « avec cœur », au prochain rédac’chef !

... Un dernier mot d’André Bruyère :
« L’architecture est, pour moi, la façon de mouler une tendresse sur une contrainte. »

(1) J’écris depuis un territoire ayant 23 % de bâti vacant, dont la moyenne d’âge des menuisiers est de 55 ans. Nous n’avons pas besoin de 200 000 logements par an pour faire tourner l’industrie du bâtiment, mais besoin de penser la répartition sur le territoire, et réhabiliter l’existant avec des artisans qualifiés et dignes.

n°49 - hiver 2020