Lorsqu’un géographe et une urbaniste décident de reprendre la ferme familiale et font le pari de travailler le paysage et être travaillé par lui…
Le programme est issu de leur première expérience de vie de famille dans un seul espace de 40 m². Il part aussi du constat que souvent, une maison en auto-construction, trop grande, est terminée lorsque les enfants s’en vont. La commande en 3 mots : petit, fonctionnel et beau.
De par leurs milieux professionnels, il était évident pour les maîtres d’ouvrage de travailler avec un architecte, comme interlocuteur pour ressaisir le site à ses différentes échelles : le paysage, l’architecture, le détail.
Continuité
Le village3 de la Monédière était composé de deux fermes traditionnelles, maisons et granges attenantes. L’étable du bas est devenu le laboratoire de transformation et de vente des productions de la ferme : légumes, agneaux, myrtilles, avec une vente sur site. La nouvelle maison s’est glissée entre ces deux entités, comme un trait d’union, en face des tunnels servant à la fois pour les ovins et le maraîchage. Ces nouvelles constructions recomposent le village et en deviennent le pivot, stratégiquement au point d’arrivée des visiteurs.
Petit à petit, les murs de soutènement des terrasses sont reconstitués, marquent les strates, les seuils, les usages, organisent et hiérarchisent les cheminements. Ainsi le muret de pierre, reconstruit récemment pose l’accès à la maison des visiteurs venus pour les produits de la ferme.
On distingue le dernier terrassement réalisé, prêt à recevoir la future bergerie en ossature bois.
Fluidité
Habiter un seul espace, avec quelques alvéoles. Habiter ensemble, sans porte. Même lorsque l’autre dort, on sait qu’il est tout de même là. Il est encore présent, et il demande notre attention.
La porte isolerait trop. Un même rideau, plus doux, permet si besoin de protéger : le bureau lors d’un coup de téléphone, la porte d’entrée en cas de froid, la chambre dite des parents. Pas de porte mais des chicanes, pour la salle d’eau, des plafonds différents pour créer des sous-espaces. Exception : les portes pivotantes des lits-cabanes des enfants.
Surtout chacun peut s’installer partout dans la maison pour lire, à même le sol et habiter cet espace ouvert sur le paysage. Au premier plan l’herbe est laissée haute, sauvage et chatoyante.
Épaisseur
À l’intérieur, pour vivre le luxe du vide dans un petit volume, on supprime les meubles on investit dans les rangements : fonctionnels, identiques, économiques. On retrouve les références à de Charlotte Perriand et son expérience au Japon. Elle prônait dès les années trente, l’industrialisation dans l’habitat (Ikéa l’a fait !). Elle défendait aussi le choix des matériaux locaux, le bois du massif central ; l’artisanat et les modes de vie, ici les lits clos limousins pour l’espace des enfants et les tatamis pour les parents. Ici la décoration laisse place aux détails de l’architecture, au plaisir des habitants qui ont construit leur maison à leur mesure.
De l’extérieur, le volume est horizontal, calme, habillé de bois. La toiture végétale fait de son toit un toit habité.
Sur le pignon Ouest de l’entrée, le visiteur est plongé dans l’ambiguïté d’un seul type d’ouvertures : vitrée, toute hauteur. Ce doute protège la maison Quelle est l’entrée ? Est-ce un bâtiment du tertiaire ?
On retrouve les principes de l’architecture du XVIIe siècle où toutes les ouvertures ont la même dimension, s’appuie sur la régularité : la structure permet de s’adapter à l’évolution du programme… et dans ce cas cette maison a accueilli un nouvel enfant.
Maison individuelle, La Monédière, Chaumeil (19) www.confiturerielamonediere.fr
Maîtrise d’ouvrage
Privée
Maître d’œuvre
Atelier du Rouget
Simon Teyssou & associés
+ BET 3B (BET Bois).
www.atelierarchitecture.fr
Responsable de projet Maxime Rodarie
Surface de plancher
91,96 m²
Calendrier
2014-2017
Récompense obtenue
Palmarès Régional d’Architecture en Nouvelle Aquitaine (PRAd’A) 2019 : Mention catégorie S.
https://palmares.archi
