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Architecture, scénographie, photographie : manipuler un dénominateur commun, l’espace.

Sandrine IRATÇABAL, scénographe-muséographe et photographe d’architecture.

Au-delà d’une profession, être architecte c’est une manière de vivre, de regarder le monde, d’appréhender l’espace et de mettre à contribution sa sensibilité pour participer à sa transformation. Ce qui nous rassemble c’est aussi notre capacité à transformer une idée en réalité, qu’elle soit construite ou non, et peu importe la forme que prend la réalisation nale (espace urbain, bâtiment, exposition, écrits, photographie...). Et cela fonctionne de la même manière que l’on soit designer, bijoutier, cuisinier, créateur de mode ou architecte.

À la différence près qu’en architecture, en scénographie et en photographie, on manipule un dénominateur commun qui est l’espace. Ce choix de ne pas faire de maîtrise d’œuvre au sens conventionnel du terme s’est petit à petit imposé dans mon parcours. Avant d’entrer à l’école d’architecture, j’avais déjà entamé des études en histoire de l’art et archéologie, option photographie, que j’ai poursuivies jusqu’au master. En parallèle, à l’École d’architecture, mes professeurs Xavier Leibar et Jean-Marie Billa m’ont toujours encouragée à expérimenter, à explorer et à renforcer les passerelles que je pouvais faire entre les disciplines. Grâce à eux j’ai appris que chacun peut avoir sa propre manière d’exercer, et qu’il suf t de trouver la sienne. D’autant que les stages que j’avais pu faire pendant mes études chez Point Supreme à Athènes et Heide & von Beckerath à Berlin, et plus tard, après mon diplôme dans une agence belge, m’ont aussi ouverte à d’autres manières de pratiquer l’architecture et de la représenter, puis de transcender la transversalité des disciplines. Ces trois agences travaillaient avec la même énergie et les mêmes exigences sur des projets urbains, architecturaux, d’expositions et de mobiliers. De ces expériences à l’étranger je retiendrai qu’il n’y a de limites entre les disciplines que si l’on souhaite qu’il y en ait. C’est d’ailleurs dans cet esprit que s’inscrit ma manière d’exercer. Mon travail et mes outils sont les mêmes que ceux des architectes qui font de la maîtrise d’œuvre, qu’il s’agisse de photographier leurs réalisations ou de concevoir la scénographie d’un musée. C’est la production finale qui diffère. Le fait d’être une des leurs facilite la communication, la compréhension des enjeux mais aussi la réalisation du projet. Je ne porte pas le titre d’architecte puisque je ne suis pas inscrite à l’Ordre, mais dans mon quotidien j’espère œuvrer à la même cause.

540. n°50 - printemps 2021