Architecte engagée dans la Culture

Architecte… et co-présidente de la Scène Nationale d’Aubusson

Benoîte Doazan, architecte, co-présidente de la scène nationale d’Aubusson

Je suis depuis une petite année co-présidente de la Scène Nationale d’Aubusson. J’avais décidé que le jour où mes enfants auraient pris de l’autonomie je m’engagerai « dans quelque chose », pour participer à une dynamique collective, en acceptant de prendre le risque d’agir plutôt que rester dans une posture d’observateur critique, convaincue que notre métier englobe des champs de compétences qui peuvent être utiles ailleurs que dans l’acte de construire. Cela aurait pu être dans nos instances professionnelles, en politique, dans les prisons… ça a été dans un lieu culturel.

La Scène Nationale d’Aubusson m’a sollicitée parce que je suis une architecte qui a construit des équipements culturels, que j’en connais bien les rouages, et que le théâtre d’Aubusson est dans un tel état de vétusté qu’ils souhaitaient un regard extérieur et professionnel.

En interne pour réfléchir avec l’équipe à la manière d’occuper/de faire évoluer le lieu au regard des missions de la Scène, en externe pour convaincre les partenaires institutionnels de la nécessité et du bien-fondé de notre démarche, en interface pour dessiner ensemble un chemin appréciable par tous alors que les priorités ne sont pas souvent les mêmes.

J’ai accepté après avoir discuté plusieurs fois avec le directeur, après être allée visiter les lieux et rencontrer l’équipe, après avoir échangé avec ma future co-présidente qui était déjà dans les instances de l’association, qui connaît bien le tissu local, et en qui j’ai trouvé une complice.

J’ai accepté parce que la qualité de la programmation de cette scène m’a séduite et que j’y ai pressenti une équipe engagée et inventive. Et avec une proposition : accompagner la Scène dans une évolution, un repositionnement, pour tous et avec tous, à une époque où les financements publics se raréfient et où il est nécessaire, pour continuer, de se réinventer.

C’est un partenariat qui se construit, dans lequel je donne et duquel je reçois.
J’y suis architecte mais pas seulement, et je suis à une autre place, là où se prennent les décisions et où se dessinent les grandes orientations, en amont des moments où les architectes entrent habituellement dans les projets.

Cela prend du temps bien sûr, mais ce temps est cumulable avec d’autres obligations, les réunions peuvent se coordonner, internet et les portables permettent de travailler partout, ce facteur temps est négligeable. Et le fonctionnement de l’agence n’en est pas vraiment impacté, un peu plus de journées à distance peut-être mais il y en avait déjà, et en contrepartie de l’énergie puisée à d’autres sources, des contacts et des idées, des envies.

n°46 - Printemps 2020