Communication

Vers un tutorat des agences d’architecture.

Laurent NAUD, architecte.

Laurent Naud, a prêté serment ce 17 mai. Avant de s’installer en Creuse comme architecte, et après une pratique en agence, il intervint comme consultant et BIM Manager pour déployer des méthodes au sein d’agences d’architecture et de BET. Le changement induit par le processus de collaboration BIM nécessite une modification de notre manière d’assurer la production de l’architecture, comme le furent la règlementation thermique ou l’outil « ordinateur ». Son avis.

Assumer la dimension de son agence est une gageure quand celle-ci évolue. Les impératifs du quotidien prenant souvent le pas sur l’anticipation et la gestion de l’entreprise, les dirigeants passent souvent un temps considérable à colmater l’urgence au détriment du reste. Pour parer à cela, la mise en place d’un cadre stratégique défini et d’un plan d’acquisition de savoir où chacun trouve sa place, son niveau hiérarchique et son niveau de responsabilité, permet de replacer le projet au centre.

L’agence d’architecture se veut souvent un pas plus sur le côté que l’entreprise classique. Ayant un objectif d’assouvissement d’envie de projet en sus de la satisfaction client, la réalité du besoin de rentabilité rattrape celles dont le mouvement avant est trop rapide pour leur méthode de gestion. Une nouvelle structuration de l’agence et du cadre de développement du projet devient nécessaire. Ce changement va très souvent amener une reproduction des schémas connus et pratiqués par les dirigeants.

Or, les méthodes de gestion de projet adaptées à notre métier n’ont que rarement suivi les évolutions du monde qui nous entoure. Faire appel à une entité non-assimilée à l’agence et ayant la compétence dans la mise en place de méthodes, peut permettre une analyse plus objective sur la situation, sur les réponses à apporter et les temporalités à fixer. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit, pour compenser la fragilisation de la structure, d’assumer le fait que l’architecte a besoin de transmettre ce qu’il conçoit en le communicant comme il l’a pensé. Cette transmission se faisant au travers de la documentation créée, la production de celle-ci devient vitale pour voir plus loin et faciliter la pérennité de l’agence. Ainsi, la mise en place de méthodes de production correspondant à chaque pratique d’agence permet d’atteindre l’efficience nécessaire, d’anticiper les sujets et de répartir les besoins de production. Définir le cadre de la production de façon précise et le maintenir constant permet de le rendre transparent – non-contraignant – dans la pratique du quotidien, et ainsi de se concentrer sur le projet d’architecture. De façon connexe, la production ayant besoin de connaissances pour être créée, un plan de formation basé sur l’identification des compétences préexistantes — utilisées ou à stimuler – et celles – lacunaires — à acquérir, à court terme (recrutement), court-moyen terme (formation interne) et moyen terme (formation externe) sera la deuxième jambe de l’évolution, assurant l’équilibre de la structure.

n°43 - été 2019
(PDF - 1.8 Mo)