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Une démarche globale pour l’accessibilité

marie-pascale mignot , architecte, www.designhandicap.fr

Les architectes sont confrontés à la Loi du 11 février 2005, modifiée dans l’arrêté du 11 septembre 2007. Elle vient s’ajouter aux nombreuses contraintes qui émaillent notre exercice professionnel.

Comment l’aborder ? Comment l’appliquer ? Comment donner l’usage de nos bâtiments aux personnes qui ont perdu des facultés communes et qui en ont d’autres ?

Le besoin d’aménagements adaptés est indispensable pour des personnes aussi diverses qu’une personne à mobilité réduite, un handicapé en fauteuil roulant, un livreur chargé de paquets lourds ou encombrants, une personne poussant un landau, une personne de petite, de grande ou de forte taille, une personne sourde ou aveugle ou assistée sur le plan respiratoire ou cardiaque, une personne rhumatisante.

Alors comment construire une accessibilité pour tous en traitant les usages des espaces sur « les plans du physique (la mobilité, l’aisance du déplacement, l’atteinte, la préhension), du sensoriel (le visuel, l’acoustique, le tactile, l’olfactif), du mental (le repérage, l’orientation, la communication, le ressenti, la simplicité, la mémorisation, la temporalité), de la prévenance (la protection, la sécurité, le repos, la non-fatigabilité, l’équilibre, l’énergétique et le sanitaire), de l’adaptabilité (la durabilité et la pérennité, l’évolutivité, l’appropriabilité, la polyvalence d’usage) » ?

Prévoir des combinaisons d’approches multiples dans les bâtiments et ce dès la conception permet d’intégrer la contrainte. Pour la Maison du Foie gras et l’Office de Tourisme de Thiviers, les attendus de la pour l’accessibilité du bâtiment aux personnes handicapées ont été intégrés dans l’architecture et dans les aménagements, comme un tout indissociable.

Toutes les portes d’accès sont sans seuil pour faciliter l’accès. Les portes sont larges. L’ascenseur muni d’un dispositif sonore de guidage dessert les 3 niveaux du bâtiment. L’escalier intérieur de 1,40 m de large est mis en scène comme un élément architectural structurant. La main-courante de l’escalier et de la passerelle est éclairante sans interruption comme un ruban sécurisant qui se déploie dans le bâtiment pour les personnes en déficience visuelle. Ce cheminement lumineux facilite le déplacement.
Des changements de matériaux et de textures sont intégrés dans les sols pour servir d’avertisseur aux personnes mal ou non voyantes. La résine rouge terre cuite lisse du sol est en contraste avec des tôles podotactiles en acier galvanisé.

À la fin de la visite dans l’espace boutique-dégustation, des bancs fixes servent à une double fonction : repos des personnes âgées ou fragiles et protection du dessous de l’escalier pour les personnes mal ou non-voyantes qui se guident à l’aide d’une canne. Les contrastes de couleurs sont intégrés pour lire l’espace, les sanitaires sont aménagés sans différence.

Ces équipements servent à tous sans perte esthétique et fonctionnelle. L’accessibilité en ces termes, dépasse la seule contrainte du passage du fauteuil roulant et permet d’envisager une réponse globale.

n°11 - juin 2011