édito

Culture commune, pratiques multiples.

Matthieu DE HOYM DE MARIEN, vice -président du Conseil régional de l’Ordre de Nouvelle-Aquitaine.

Depuis quelques numéros, nous avons abordé, sous le thème générique d’« ARCHITECTES MAIS PAS SEULEMENT... », les différentes formes de pratique de l’architecture.

Si la loi impose d’être inscrit au Tableau de l’Ordre pour pouvoir porter le titre d’architecte, le tableau accueille depuis longtemps des confrères de divers pratiques et disciplines1.

L’Ordre des architectes de Nouvelle Aquitaine s’intéresse ainsi à celles et ceux qui exercent leur métier autrement qu’à travers l’exercice, que
l’on pourrait quali er de classique, de la maîtrise d’œuvre, dont l’aboutissement est la construction d’un bâtiment. Qu’ils aient des métiers ou des engagements parallèles ou que leur exercice s’inscrive dans l’une des nombreuses voies qu’offre la formation initiale, il s’agit de parler du métier d’architecte dans son ensemble. Nous avons donné la parole aux consœurs et confrères engagés et à ceux exerçant en plus un autre métier. Aujourd’hui nous mettons en lumière ceux qui ne construisent pas, inscrits ou pas à l’Ordre des Architectes et, à travers eux, les multiples champs de l’architecture encore trop méconnus.

Les motivations de chacun sont diverses. Liées à l’ancrage culturel de notre pratique, il s’agit bien souvent d’une histoire de communication autour de la notion de projet, quelque forme qu’il prenne. L’idée sous-tendue est celle d’une culture architecturale partagée avec le plus grand nombre pour que l’on puisse mieux se comprendre et donc mieux avancer ensemble. Développer un langage commun, pour partager idées et actions, avec un regard exigeant mais bienveillant entre nous. L’architecte devient passeur, responsable de la mémoire collective, raconteur d’histoire, accompagnateur et animateur. La notion de pédagogie revient souvent, garante d’une pratique démocratique. A n de développer une éducation populaire à l’architecture, pour que le citoyen ait une meilleure compréhension de son cadre de vie et se l’approprie ainsi plus facilement.

L’architecture est une discipline universelle qui occupe de nombreux champs de la société dont la diversité des pratiques est le re et. Les démarches transversales, expérimentales et engagées participent aux réponses à apporter à la complexité de notre monde. Les compétences de chacun s’enrichissent et se questionnent l’une l’autre.

L’exercice de notre métier doit être au cœur de notre ré exion. Parcours, travail et engagement devraient pouvoir conférer à un individu sa légitimité à « être » architecte. La formation, pluridisciplinaire et touchant à de nombreux domaines, doit participer à la diffusion de l’architecture dans la société, mais est-ce vraiment le cas aujourd’hui ?

L’Ordre des Architectes de Nouvelle Aquitaine, récemment renouvelé2 mène un travail de ré exion sur ce sujet essentiel, à travers la commission « prospective métier » et par sa participation au séminaire « Architectes demain ! ? » qui a eu lieu à Nantes à l’automne dernier lors du regroupement de 9 Conseils Régionaux de l’Ordre. Se pose immanquablement la question du port du titre d’architecte, réservé aux architectes titulaires du diplôme d’état et habilités à la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMNOP), qui seuls peuvent s’inscrire à l’Ordre des Architectes.

Alors que les architectes sont des acteurs incontournables pour répondre à la complexité des questions sociales, environnementales et économiques, la profession est menacée dans l’exercice de ses pratiques. Un constat qui doit nous inciter individuellement et collectivement, à participer à cet élan d’infusion de l’architecte à tous les niveaux de la société.

1 HTTPS ://ANNUAIRE.ARCHITECTES.ORG
2 Le prochain numéro du journal 308+ rendra compte de ce renouvellement et des orientations du nouveau Conseil.

540. n°50 - printemps 2021