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Du poil, du formica et du sang

Rodolphe Urbs , la mauvaise réputation, librairie à bordeaux

« L’intérêt d’un film réside principalement dans la moustache de son acteur principal » disait Madame Bernard, ma voisine acariâtre mais néanmoins cinéphile alcoolique à ses heures perdues et nombreuses.
Felder a la moustache. Le maire de Villemolle, (film réalisé par le dessinateur Winshluss) est moustachu. Une moustache qui fait un maire conquérant et fier.

Souvenez-vous de la province de votre enfance. Rappelez-vous ce village insupportable dans lequel vous avez grandi entre la piscine municipale, le café des sports et les projets pharaoniques municipaux qui vont du minigolf avec distributeur de tartiflette pour les plus chanceux au casino/héliport/musée du cheval de labour pour les plus audacieux…

Au nom de la sacro-sainte architecture, nos jeunesses furent peuplées de ces entrepreneurs municipaux à moustache qui n’ont jamais hésité à faire rougir nos parents et leurs impôts locaux pour se voir choisir des projets de ronds points qui feraient passer Jofo pour un décorateur d’intérieur à l’attention de vieilles anglaises à chapeaux mous.

La ville de Villemolle située dans le Tarn, 81, a ce genre de maire. Poilu et innovant. Créateur d’un son et lumière à mi-chemin entre le Collaroshow et Starwars.
Une ville comme celle de mon enfance. Stalinienne dans l’ambition, Max Pecasienne dans la réalisation. Villemolle, entourée de rien et du néant. Villemolle, où un journaliste qui semble échappé de l’Ours de Maisons et Jardins couvre l’évènement de la fête locale.
Villemolle, la ville de la saucisse de Hamster en boite. Villemolle qui se voit envahie par des zombies féroces et dévastateurs, parce que, parfois, on paye ses excès de moustaches, et en l’occurrence la note est salée.
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n° 8 - nov 2010