Processus matériel.

Interview de Rotor pour Rumeurs Radio. Synthèse et retranscription d’Adrien Maillard président de RR.

À la recherche d’une nouvelle forme de radio, Rumeurs est un média sonore indépendant et un concept radiophonique. Ses productions dédiées à l’architecture sont à écouter sur la plate-forme de podcast www.mixcloud.com/rumeursradio. À l’invitation du centre d’architecture arc en rêve à Bordeaux, Hubert Dubois a recueilli le témoignage de Lionel Devlieger, membre fondateur du collectif Rotor durant l’exposition Constellation.s en mai  2016.

Créé en 2005, le collectif Rotor est né à Bruxelles d’une rencontre entre deux personnes Tristan Boniver, architecte et Maarten Gielen, designer rapidement associés à Lionel Devlieger, architecte, chercheur. Ensemble, ils s’intéressent au rapport qu’entretient notre société avec la matérialité. Ils cherchent alors à utiliser des matériaux issus des chutes de productions industrielles à des fins de création.

«  À la base, c’est un processus matériel dans une réalité post-moderne. Le rapport qu’entretient notre société avec la matérialité.  »

Tout commence en parcourant le territoire belge à la recherche de sites de production industriels auprès desquels ils pourraient récupérer des chutes de matériaux en quantités importantes. L’idée à cette époque est de créer une gigantesque base de données visant à inventorier les sources alternatives de matériaux pour les mettre au service de la création artistique. Cependant, le contact noué par le collectif avec les entreprises, s’est construit sur une relation de confiance. La dépersonnalisation de l’outil via une mise en ligne des informations rompt le lien direct qui les unissait et aboutit à un échec de la démarche.

Rebondissant sur le constat que la construction et la démolition génèrent énormément de déchets dont la plupart sont réutilisables, le collectif réoriente ses recherches vers des modes de fonctionnement alternatifs et se spécialise rapidement dans les déchets industriels liés au bâtiment.

«  Nous sommes convaincus que les objets et les équipements de seconde main sont extrêmement utiles […] dans ce travail d’humanisation d’un environnement à vivre.  »

Aujourd’hui, il existe un flou autour du matériau de ré-emploi. Certains souhaiteraient garder le vide juridique actuel vu comme une opportunité ; les autres militent pour la certification de tous les matériaux. Rotor est défenseur d’une politique plus ouverte qui n’obligerait pas à une certification stricte tout en prenant en compte le vieillissement des matériaux.

Cette approche les pousse à déduire les propriétés d’un matériau ré-employé en s’appuyant sur les certifications techniques initiales. Cela reste bien évidemment de la spéculation, mais en adaptant la nouvelle utilisation à cette incertitude, le problème peut se résoudre facilement. Une simple
application du «  principe de précaution  » selon le collectif.

n°41 - hiver 2018
(PDF - 2.8 Mo)