profession

CALEPIN n.m

(Arch.-Maç.) Dessin précis (échelle courante 1/20) en plan, en élévation et en coupe d’un ouvrage en pierre de taille.

Matthieu de Hoym de Marien, architecte.

Le calepin, voilà le principal outil de notre affaire : le démontage-remontage d’une construction en pierre de taille.

Photographies précises de toutes les parties des façades, numérotation savante de chacune des pierres, relevé exhaustif de ces dernières en trois dimensions avec indication de leurs saillies et enfin exécution du calepin. Dessins des frontons, corniches et autres bandeaux complètent l’étude. Ensuite, dépose des pierres et mise en palette, transport sur le lieu du remontage. Compagnons appareilleurs et tailleurs de pierre reposent les pierres sur des fondations neuves bien évidemment. Chaînage périphérique et poteaux raidisseurs en béton armé viennent stabiliser l’ouvrage, sous l’aval du bureau de contrôle. Certains éléments abîmés, comme appuis de baies ou linteaux, sont remplacés à l’identique par de la pierre de Frontenac ou de Brétignac. Après la mise en œuvre des joints, un gommage général assure l’unité de l’ensemble, riche de la patine et du grain particulier de la matière réemployée inexistants sur une pierre neuve.

C’est dans le cadre du vaste projet de création des chais, des espaces d’accueil, de réception et d’aménagement du parc du Château Marquis d’Alesme, dans le Médoc, que l’architecte Fabien Pédelaborde, accompagné de l’entreprise libournaise de maçonnerie et taille de pierre Serge Barousse, ont d’un commun accord préféré démonter et reconstruire une bâtisse plutôt que de réaliser un bâtiment neuf. C’est donc ici le matériau de structure qui est récupéré et non pas quelconque élément de décor, ce qui fait la pertinence de l’opération. L’entreprise s’approvisionne auprès de petits et moyens fournisseurs locaux qui déconstruisent plutôt que démolissent. Le travail des pierres se fait essentiellement en atelier duquel elles sortent débitées et confectionnées, pour être ensuite posées directement sur le chantier allégé des nuisances de fabrication. Par sa matérialité, la pierre massive s’adapte à toute sorte de maçonnerie et par extension à tout type de projet.

La dimension historique et patrimoniale entre également en jeu, avec par exemple, dans ce cas, la découverte d’une pierre gravée sur la tranche au nom du tailleur de pierre, datée de 1789.

n°41 - hiver 2018
(PDF - 2.8 Mo)