édito

Le joli mois de mai, et après ?

Eric Wirth, président du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d’Aquitaine.

Depuis le début de mon mandat, je vous parle de changement, et de la nécessité pour les architectes de l’accompagner.

2017 est à ce titre une grande année : la France a joué à se faire peur avant de confier les rênes de notre destin à un jeune homme de moins de quarante ans, quasi inconnu il y a peu encore, faisant exploser au passage tous les codes de notre paysage politique. Par ce choix, elle envoie un message au monde entier sur notre capacité à transformer les choses, à ne pas suivre la voie qui semblait tracée, à nous renouveler.

Pour nous aussi, Les choses ne se passent décidément jamais comme prévu :
Moi-même, je n’imaginai pas, lorsque j’ai été élu, que je serai le dernier président du Conseil régional de l’Ordre des Architectes d’Aquitaine, réforme territoriale obligeant. J’avoue que je n’avais d’ailleurs même pas imaginé être un jour président ! Encore moins pour une année supplémentaire.

Qui aurait imaginé au début de notre mandat ordinal que, quarante après la loi de 1977* (et la naissance d’Emmanuel Macron), la France se doterait d’une nouvelle loi sur l’Architecture ?

Si le législateur s’est (enfin) intéressé à l’Architecture, ce n’est certainement pas pour faire plaisir aux architectes : c’est parce qu’il a été convaincu (par Patrick Bloche notamment, que nous ne remercierons jamais assez) que cette discipline est à la croisée de toutes les problématiques sociétales auxquelles est déjà confronté le nouveau Président de la République.

Cette loi nous oblige, la collectivité attend que les architectes soient collectivement et individuellement à la hauteur des enjeux.
Et je pense notamment au Permis d’aménager où il va falloir, dès aujourd’hui, faire la démonstration que l’État a eu raison d’élargir le champ de notre monopole. Nous ne serons à la hauteur des attentes que si nous sommes compétents. Et pour être compétents, il faut se former. Ce qui me semble le plus important pour l’architecture à ce sujet, ce n’est pas que les architectes dessinent les lotissements.

Mais c’est l’occasion qui leur est donnée de mettre un pied dans les mairies, pour re-questionner le territoire aux côtés de l’élu. Mettre à disposition d’un lotisseur un terrain est souvent la seule alternative qu’a un maire rural pour répondre à la demande de logements de ses administrés. L’architecte, avant d’y répondre se posera la question de la question : réaliser un lotissement exogène, aussi qualitatif soit-il, est-elle la meilleure réponse, au vu de la structure urbaine et paysagère du village, et de toutes les autres potentialités qu’il aura relevées ?

Dans ce grand chantier, d’ores et déjà engagé, l’Architecte-citoyen doit se substituer à l’Architecte-prestataire, pour démontrer, au quotidien, son engagement au service de l’intérêt public de la création architecturale.

Joyeux anniversaire à elle*, et vive l’architecture.

* Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture
« L’architecture est une expression de la culture.
La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. »

308-36-BAT-def-2.pdf
(PDF - 14.3 Mo)