entretien / portrait

« Penser global, agir local »

marc benayoun , architecte

Colloque « Aménagement durable et patrimoines »
pratiques européennes 4,5, & 6 décembre 2008 Bordeaux
ANABF : Association Nationale des Architectes
des Bâtiments de France.

Entretien avec François Gondran, Trésorier de l’ANABF.

Dans le prolongement du Congrès quadriennal des Architectes des Bâtiments de France tenu à Bordeaux
les 4,5 &6 décembre 2008, François Gondran, Architecte Urbaniste de L’Etat, Chef du SDAP de la
Gironde, membre d’ICOMOS et trésorier de l’ANABAF, répond aux questions du « 308 » :


« 308 » : La qualité du colloque ANABF tant au niveau de la pertinence de la programmation, la
diversité des intervenants, que de l’organisation générale, a été unanimement perçu comme
exceptionnelle - c’est dit ! - comment fais-tu, François Gondran ?

Tous les 4 ans, l’ANABF organise son colloque, et pour 2008, c’est Bordeaux qui a été finalement choisie. Tout d’abord compte tenu du contexte intellectuel actuel et culturel de la
métropole bordelaise, les volontés clairement exprimées de la municipalité en matière de
développement durable, le dynamisme architectural local, le récent classement UNESCO de la ville de
Bordeaux se prêtent à ce type de réunion.


L’organisation, le lieu ?

Nous tenions à exprimer cette notion « d’aménagement durable » jusqu’au travers de l’organisation.
Le choix de salle - auditorium de l’ONBA- son caractère architectural, son environnement
patrimonial extérieur, sa capacité d’accueillir toutes les activités du colloque, conférences,
restauration, informations, présentations en un seul lieu, sa proximité immédiate de la Gare Saint
Jean et de la ligne de tramway C - ont été déterminantes. L’organisation est totalement interne à
notre association, portée pendant des mois par 3 personnes.

« Aménagement durable et patrimoines », au premier abord le titre peut étonner de la part des ABF.
Ce colloque a fait apparaître une réelle volonté de communiquer, d‘échanges de pratiques urbaines à
l’échelle européenne. Es-ce une volonté de changement, d’adaptation des ABF à cette problématique
climatique globale ?
Cette question d’aménagement durable et patrimoines avait déjà été abordée lors des précédentes

réunions ANABF, mais nous étions restés sur notre faim. Notre ministère se faisait une approche
plus technique de cette problématique environnementale, nous avons voulu la faire connaître de
façon plus synthétique et complexe. Connaître et faire connaître, diffuser et faire partager.

  • la ligne « éditoriale » du colloque a été notre premier travail :
  • apprendre plus des intervenants que de nous-même une mise en retrait volontaire des ABF, l’envie de travailler avec des spécialistes européens en matière d’écologie, à différents niveaux, fonctionnaires, universitaires, ingénieurs, architectes, financeurs…
  • une soif de connaître les réponses de pays précurseurs, comme la Hollande et l’Angleterre en matière d’ « éco-quartier »
  • penser pour la première fois « Développement Durable et Europe ».

En tant qu’ABF, il est essentiel que les architectes, tous les architectes soient associés à cette
mutation culturelle. Il ne faut pas voir le développement durable uniquement sous un aspect
technique. C’est une question de civilisation, une nouvelle manière de concevoir la ville,
l’habitat, la disposition des lieux de travail. L’architecte, par son esprit de synthèse a un rôle
fondamental à jouer.
C’est également un problème culturel. Nous souhaitons réconcilier les architectes français avec la
question du patrimoine. Patrimoine pas seulement en tant que monument, mais aussi habitat, friches
industrielles …
Les ABF sont très intéressés par les différentes pratiques européennes, où la coupure franco
française entre les architectes du patrimoine et les autres architectes est inexistante. Cette
problématique à terme n’est pas tenable.

Ce colloque était ouvert aux architectes hors cadre ABF. Il y a avait d’ailleurs des étudiants, des
architectes, des urbanistes, des universitaires, des membres des CAUE, quels messages voulez vous
faire passer ?

A partir du moment où le Développement Durable est une priorité de l’Etat, les ABF étant des
représentants de l’Etat, il est nécessaire de se remettre en cause, de s’adapter.

  • Es-ce que notre action de tous les jours résiste au développement durable ?
  • que peut t’on apporter ?
  • comment peut t’on contrer un excès de normalisation ?
  • es-ce une question de détails ou de mode de vie, d’économie et/ou de société ?

Nous souhaitons sortir du cadre ou l’on a été identifié comme « correcteur de détails
architecturaux » à une intervention en amont traitant d’urbanisme, d’aménagement, de coeurs de
village, lieux de vie ...
La tache noble des ABF, la régulation, n’est pas abandonnée, mais il y a le désir d’être audible,auprès des collectivités locales, des élus, du privé sur la question de l’aménagement.

Nous restons à l’écoute, en respectant les contraintes, des uns et des autres.

Le monde universitaire a également beaucoup à nous apporter, on a pu le voir lors du colloque.

Nous avons cette volonté d’ouverture, au travers de ce colloque, cette volonté de constituer un
collège
« d’honnêtes hommes », se retrouvant dans l’acte de construire.

Pour ma part, les architectes ne sont pas présents que pour déposer des PC.

Ce sont des acteurs majeurs de la vie quotidienne.
Nous travaillons sur le long terme, le durable, le culturel.

Les principaux alliés des ABF, ce sont les architectes ! (même si des fois nos relations sont
complexes….)

n° 2 - février 2009