urbanisme

L’a-urba, la transition écologique et… un anniversaire.

Jean-Marc OFFNER, directeur général de l’a-urba.

Le 19 avril 1974, René Dumont, ingénieur-agronome, premier candidat écologiste à une élection présidentielle, buvait son verre d’eau devant des millions de téléspectateurs, afin d’alerter les Français sur l’urgence écologique. Les années 1980 parlèrent, beaucoup, de développement durable ; sans transformer les modèles urbains. Les dérèglements climatiques se sont ajoutés aux préoccupations sur les ressources naturelles pour faire aujourd’hui de la transition écologique un impératif politique.

L’a-urba (agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine) y prend sa part de responsabilité, entre inflexions de trajectoires et changements de paradigme. En matière de planification territoriale, le Scot (schéma de cohérence territoriale) de 2014 a été l’occasion de mobiliser les trames vertes et bleues (l’un des emblèmes du Grenelle de l’environnement) pour préserver la biodiversité mais aussi pour «  faire projet  » en termes de structuration des grands territoires, de maillage d’agroparcs et de trames de mobilité douce. À l’échelle métropolitaine, l’intérêt renouvelé pour les réseaux de chaleur a permis d’élaborer une planification énergétique, vecteur efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre du parc bâti. Cette démarche, en collaboration avec l’Agence locale de l’énergie, a fondé les bases stratégiques du schéma directeur de l’énergie, en cours de réalisation par Bordeaux Métropole.

Les canicules de l’été 2019 ont donné une forte visibilité aux travaux pionniers de l’a-urba sur le traitement des îlots de chaleur urbains, les objectifs d’adaptation au changement climatique s’ajoutant désormais aux ambitions (déçues au plan mondial) de lutte contre ce même réchauffement. Concomitamment, les thèmes de la nature et de l’eau en ville sont réinterrogés, tant du point de vue des usages des sols que des pratiques sociales, en cohérence avec les préconisations de l’agence pour actualiser les référentiels d’aménagement et de gestion des espaces publics.

Enfin, les nombreuses missions de l’agence visant à développer les coopérations territoriales autorisent à rappeler régulièrement que les mots d’ordre d’autosuffisance (alimentaire, énergétique) ne valent qu’à des échelles multiples, donc dans une vision interterritoriale sans frontières.

Le temps des élections municipales est paradoxal. C’est a priori une période propice au débat sur ces enjeux majeurs pour l’évolution de nos territoires, pour penser global et agir local ; ou l’inverse, si l’on croit à la capacité de créativité des sociétés locales à inventer des chemins de transition spécifiques. Mais c’est aussi, modalités d’élection aidant, l’exacerbation de la proximité, la valorisation d’une quotidienneté vue par le prisme déformant du seul périmètre communal.

L’a-urba poursuit ainsi ses missions : éclairer la décision publique, en documentant les sujets de débat, en suscitant l’innovation, mais aussi en mettant à l’agenda politique des thématiques inédites. Les agences d’urbanisme savent en effet ouvrir l’éventail des problèmes et des solutions, alors que les politiques publiques locales peinent parfois à sortir des formatages de tous ordres. Justement…

À l’occasion des 50 ans de l’a-urba, la question des marges de manœuvre de l’action publique locale a été l’objet d’un colloque, faisant dialoguer chercheurs, responsables d’agences d’urbanisme, élus de la métropole bordelaise et des régions voisines ; et Alain Juppé en grand témoin de ces rencontres.
D’autres publications scandent cet anniversaire : Métroscopie bordelaise — Chiffres-clés, pour éclairer les controverses par des données rigoureuses et pertinentes (sur demande à l’a-urba). Le numéro de novembre 2019 des Cahiers de la métropole bordelaise consacré aux mythologies de la ville (en kiosques et librairies). Éloge de l’apostrophe, pour expliquer ce qu’est une agence d’urbanisme (sur demande à l’a-urba). Et au printemps 2020, 50 ans d’urbanisme à Bordeaux, édition revue et augmentée d’un ouvrage à succès publié il y a dix ans.

n°45 - hiver 2019