développement durable

DARWIN Eco-système, Coopération économique – transition écologique – créativité urbaine

Jean-Marc GANCILLE responsable développement durable groupe evolution (agence de communication responsable) et Olivier MARTIN architecte

Initié par une PME bordelaise – Evolution - qui en assure la maîtrise d’ouvrage, DARWIN entreprend depuis 2006 la rénovation écologique des Magasins Généraux de la friche militaire Niel (à Bordeaux sur la rive droite) dans l’objectif d’y favoriser l’installation d’activités privilégiant la créativité, la responsabilité sociale et environnementale et la coopération.

Opérationnel sur une première tranche de bâtiments dès la fin 2012, DARWIN fera cohabiter à terme une très grande diversité d’activités sur plus de 10,000 m2 : entreprises de l’économie verte et créative, incubateurs et pépinières, commerces alimentaires responsables, librairie, restaurant, hôtel et crèche écolos, ferme urbaine et jardins partagés, skatepark indoor, recyclerie/ressourcerie…

A l’instar de nombreux autres lieux qui tendent à se multiplier de par le monde – comme par exemple The Hub à Bruxelles ou Londres, le Center For Social Innovation à Toronto, Gundeldinger Feld à Bâle ou encore LX Factory à Lisbonne – DARWIN partage plusieurs dénominateurs communs : de l’innovation, des démarches de coopération et de mutualisation, une nouvelle organisation du travail moins solitaire, une approche frugale du développement, le croisement d’entrepreneurs et de créatifs travaillant dans des champs différents : entreprises, associations de l’économie sociale et solidaire, fabriques culturelles, espaces numériques…

Laboratoire d’idées, incubateur de projets et « activateur de transitions », DARWIN a le souci d’expérimenter une nouvelle économie répondant aux défis de notre époque marquée par le déclin des énergies fossiles, la raréfaction des ressources, la mutation du travail et des organisations, la fin de l’hyperconsommation, l’émergence d’une économie de fonctionnalité…

De telles finalités ne pouvaient s’incarner que dans un lieu cohérent, susceptible de faire « effet de levier » avec son propos. De par la symbolique de l’abandon de leur vocation passée, les bâtiments des Magasins Généraux offraient un cadre idéal. Confiée au cabinet d’architecture Virginie Gravière et Olivier Martin, la rénovation de ces lieux chargés d’histoire fut guidée par un cahier des charges exigeant : respect du patrimoine, performance énergétique, haute qualité d’usage…

Le choix de conserver et de transformer des bâtiments anciens plutôt que d’en construire des neufs a été le premier critère architectural : faire la ville sur la ville, s’appuyer autant que faire se peut sur le déjà là, c’est attribuer au patrimoine plus qu’une simple valeur historique, nostalgique et désincarné, mais une dimension véritablement opérante pour les nouvelles activités humaines qui s’installent. C’est une vision renouvelée du patrimoine en phase avec les enjeux d’une société durable.

L’approche énergétique du projet considère le bâtiment comme un tout organique qui intègre sa dimension vécue. Une simulation thermique dynamique a permis de hiérarchiser les actions à suivre pour améliorer sa performance énergétique. La lutte contre les déperditions thermiques inhérentes à ce bâti s‘est concentrée sur les parois les plus déperditives : couvertures et baies. En parallèle, la recherche des apports thermiques gratuits que nous offrent notamment le soleil et l’activité interne du bâtiment, a été privilégiée par l’installation de panneaux photovoltaïques et une conception aéraulique à fin de récupération de la chaleur.

En amont de ces réponses techniques, la répartition des fonctions à l’intérieur du projet a aussi été commandée par leur orientation : Les locaux techniques et les circulations ont été regroupés au Nord-Est pour que les salles de travail profitent de la lumière naturelle du Sud-Ouest. Des puits de lumières ont permis d’innerver en partie centrale, la lumière naturelle qui faisait défaut.

Le projet d’architecture, sans oublier qu’il traite bien là d’un lieu multiple, n’a pas oublié de privilégier le confort d’usage, nous dirions le plaisir d’usage. Il respecte le patrimoine en place en reprenant les émotions spatiales qu’il offre et dont il ne veut rien perdre. Il innove aussi car il modifie à la lumière des exigences qui nous concernent aujourd’hui, les conditions sensorielles même de la nouvelle occupation. L’intervention architecturale est restée légère par le profit qu’elle a tiré des éléments en place ; volumes, surfaces, structures et matériaux. Le programme s’est lui-même adapté au site et la réponse formalisée par le projet autorise à son tour l’adaptation future du bâtiment à d’autres usages. Darwin ne fige pas les Magasins Généraux.

Une ambition architecturale mise au service d’une exigence de fonctionnalité, de réversibilité et de sobriété dans un dialogue permanent entre contenant et contenus. Emblématique de cette démarche, le déploiement – en lien avec le GRECAU et NOBATEK - de MIUSEEC (Métrologie Innovante des Usages pour la Sobriété Energétique et les Eco-Comportements), véritable tableau de bord des impacts environnementaux des usages du bâtiment conçu avec et pour les occupants du DARWIN Eco-Système.

n°17 - nov 2012