développement durable

Concevoir ensemble pour mieux vivre ensemble

Clémence Grelier, titulaire du diplôme architecte

L’habitat participatif se veut une alternative créative et solidaire entre individus impliqués, qui aspirent au-delà de l’acquisition d’un logement, à une autre manière d’habiter. Cette autre manière d’habiter ne peut prendre forme que si, en amont, a été mise en œuvre une autre manière de penser et de concevoir l’habitat. Le rôle de l’architecte est essentiel tant par son expertise dans la conception du logement que dans l’accompagnement de ces nouvelles formes de projet.

Au cœur de ces projets se trouve le désir d’expérimenter de nouvelles formes de sociabilité fondées sur le partage et la solidarité, et ce tant au niveau de l’immeuble que du quartier. Les futurs habitants réinventent leur habitat en interrogeant leurs modes de vie : diversité des besoins en matière de logement, évolutivité et mutualisation d’espaces, voisinage plus solidaire et convivial, habitat de qualité mais accessible et respectueux de l’environnement.

L’habitat participatif, en rapprochant usagers et architectes, nous offre la possibilité de (re) prendre notre place au cœur de la réflexion sur l’Habiter. L’Espace constitue le cadre qui accueille le projet de vie des groupes : les espaces à inventer doivent faire la synthèse du projet de vie collective en intégrant l’ensemble des projets individuels, dans leurs différences : l’architecte joue le rôle essentiel de coordinateur dans ce magnifique mais complexe projet du vivre ensemble et autrement.

La démarche participative relève de l’innovation : elle implique de repenser les modes de faire. La participation des usagers suppose l’invention de nouveaux modes d’écriture.

«  Si j’avais demandé à mes clients ce qu’ils voulaient, ils m’auraient dit un cheval plus rapide  », Henry Ford. Pour l’habitant (comme pour l’utilisateur), le rôle de l’architecte (comme celui du designer) est de comprendre les attentes des habitants pour être force de propositions innovantes. La question est bien celle du processus et de la co-création. Chaque habitant est, de façon libre et responsable, le meilleur acteur, pour pouvoir agir sur son propre confort et la qualité de son habitation. Il faut que chacun trouve sa place – expertise habitante et expertise professionnelle. L’enjeu est double : d’une part, informer et sensibiliser sur le métier d’architecte pour établir la confiance essentielle à la démarche, et d’autre part, se doter d’outils au service de la gestion de projet et de méthodes de design collaboratif permettant le développement d’un langage commun et la réalisation d’un projet partagé par tous.

Si l’on convient que la conception architecturale de l’habitat entre dans une large mesure dans la catégorie du service, on doit clarifier la fonction de l’architecte qui n’est pas seulement de réaliser une œuvre selon les normes et les techniques en vigueur, mais de concevoir un lieu qui réponde aux attentes des habitants impliqués, lieu dans lequel ils pourront continuer à s’exprimer. Nous permettrons alors à de nouveaux modes d’habiter durable d’exister.

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